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Le pardon

Dernière mise à jour : 25 sept. 2024


le pardon

Le pardon dans les trois religions monothéistes est un geste de force sur lequel la violence se brise. Il ouvre l’avenir et pousse les limites personnelles vers un horizon jusque-là insoupçonné. Il brise la fatalité du passé.


« En ce jour, Dieu vous accordera le pardon afin de vous purifier » Lévitique, 16, 30


« Vous l’avez appris, il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui l’autre aussi. Si quelqu’un veut te faire un procès pour te rendre ta tunique, laisse-lui ton vêtement». Mt 5, 38-43-48


« Il dit : O mon peuple, pourquoi cherchez-vous à hâter le mal plutôt que le bien ? Si seulement vous demandiez pardon à Allah ? Peut-être vous serait-il fait miséricorde ». (Coran, 27 ; 46)


Mais le pardon n’est pas le monopole des hommes de foi. Il demeure un sujet délicat, hautement inflammable qui, parfois, relève de l’impensable en ces temps incertains de tensions exacerbées et de haines attisées par tant d’ignorance. Il est, pour beaucoup d’entre nous, une réalité humaine, une valeur mise en avant dans notre culture, valeur bien souvent incomprise car le pardon n’est pas l’oubli.


Comment le définir ? Peut-on encore en parler ou bien le considérer comme mort dans les camps de la mort comme le pose, Jankélévitch, dans « L’imprescriptible » (1986) ?

Peut-il y avoir un sens à pardonner y compris pour des hommes qui se sont écartés du champ de l’humain ? Et peut-on tout pardonner ?

A première vue, nous aurions envie de répondre qu’il y a des limites au pardon, qu’il y a une frontière entre ce qui est pardonnable et ce qui est impardonnable.

Mais alors où se situe la frontière ? Et n’y-a-t-il pas un autre chemin pour ceux ayant côtoyé le mal absolu que celui du pardon pour se reconstruire et être enfin libéré du passé ?


Le pardon est liée à l’irréversibilité de l’acte commis (Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, 1958), irréversibilité qui vient fixer le passé en donnant à voir et à vivre une forme d’impuissance, de paralysie à celui qui le subit.

Le pardon devient une porte de salut qui sauve de la fatalité et libère du poids du passé. Ce sont des possibles nouveaux qui surgissent car le pardon est force de liberté. Il crée un espace de vie là où tout semble saccagé et perdu.

Pardonner, c’est refuser d’être assigné dans le passé douloureux ; c’est refuser de faire de la somme des actes du passé une synthèse du présent et de l’avenir. Les fantômes ne devraient pouvoir hanter inlassablement une vie. Quant au destin, il ne peut-être un lent poison venant saccager tous rapports humains et enfermer la capacité d’agir


« dans un acte unique dont nous ne pourrions jamais nous relever ; (restant) à jamais des victimes de ses conséquences, pareils à l’apprenti sorcier qui, faute de formule magique, ne pouvait briser le charme » (Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, 302-303, Calmann-Levy).


Le pardon est mystère. Il est une réponse à la morsure du mal.

Pardonner, c’est reconnaître la scandaleuse existence du mal absolu en lui permettant d’y mettre fin, en ne le reconduisant pas et en ne le consacrant pas. C’est décider de ne plus porter le mal absolu de l’autre dans son cœur et dans son âme. C’est une invitation pour tout à chacun ayant eu à subir cet empire du mal à faire briller l’éclat de son âme et à révéler ainsi au monde son enjeu éthique. Et l’âme n’est jamais aussi belle et courageuse que dans ces circonstances ultimes où pouvant désespérée d’elle-même, désespérée du monde, désespérée des autres, elle s’engage sur ce chemin de confiance et de liberté.


Pardonner, c’est aussi briser la logique de violence des rapports humains en refusant de faire sienne la logique de l’agresseur, de l’oppresseur, ... C’est sortir de ce paradigme implacable de haine, haine qui rejoue à chaque instant les mêmes errements et les mêmes violences. Pardonner, c’est s’affranchir : affranchissement pour celui qui donne et pour celui qui reçoit. Ce dernier a, alors, la possibilité d’entrer dans une nouvelle logique et d’accepter ainsi de co-construire un avenir sur une base autre que celle de la destruction. C’est un nouveau point de départ qui inaugure une histoire nouvelle et qui révèle à l’oppresseur, l’agresseur,… qu’il est plus que ce qu’il pense être. Nous sommes, en effet, tous plus que les actes ou paroles offensantes que nous posons…

Et c’est l‘Humanité tout entière qui est invitée à faire briller ce qu’elle a de plus précieux. La beauté de l’âme est toujours en rupture avec la petitesse dont la nature humaine se délecte.


Pardonner requiert du temps car cet acte est difficile à poser.

Il requiert aussi une grande lucidité sur le mal. Pour atteindre ce profond discernement, il faut accepter de rompre en toute conscience l’enfermement dans lequel celui qui pardonne se trouve et ce, même si les traces du mal sont toujours là, présentes en lui.

C’est l’épreuve du feu, l’ultime épreuve par laquelle l’homme est invité à renaître, invité à travailler sur sa faille, son abîme pour retrouver son unicité. L’homme devient en capacité d’accomplir ce qui était infiniment improbable.


A l’action qui continue à fixer le mal, le pardon substitue une nouvelle action qui vient, de par son essence, enfanter de nouveaux possibles permettant d’apaiser l’âme, de purifier le cœur et d’être libre.


Pardonner est un acte créateur qui remet l’homme en mouvement. Le pardon n’appartient donc en aucune manière à la sphère affective comme certains pourraient le croire mais uniquement à la sphère décisionnelle.


Et si le moment n’est pas venu, si cet acte si difficile est insurmontable à poser, alors demandons, simplement la grâce de pouvoir transformer ces liens de souffrance en lien de paix et d’énergie. Demandons à être libéré de ce dont nous ne voulons plus, pour aller vers notre chemin de lumière. Acceptons cet état, cette étape dans notre vie sans jugement et ne laissons à personne la possibilité de se croire autorisé à demander pardon à notre place car cette décision n’appartient qu’à nous, nous qui avons côtoyé le mal absolu, l’imposture majeure consistant à faire qu’une personne autre se croit autorisée à pardonner les offenses, les actes odieux dont nous sommes victimes, à se croire autorisée à nous dire que le pardon est le seul et unique chemin.

Le pardon est une grâce qui permet de réinvestir sa vie mais ce ne saurait être la seule. Et plutôt que de poser des injonctions au pardon, invitons ceux qui ne peuvent pour le moment pardonner à formuler des grâces qui les libèrent. Laissons-leur la possibilité de choisir ce qui est bon et juste pour eux, aujourd’hui. Eux seuls savent car ce sont eux qui ont traversé et traversent encore les ténèbres.


Demain est un autre jour…


Le mot victime n’a jamais été posé. C’est un choix.

Ce mot catégorise et revient à enfermer la personne dans son passé. Celle-ci n’a dès lors, plus de présent, ni de futur. Elle est et reste une victime. Le champ des possibles est complètement obstrué. Or, ce texte a pour vocation d’ouvrir un chemin, un chemin de paix et de lumière pour celles et ceux qui ont connu la nuit noire de l'âme et, je l’espère, une vocation plus didactique pour celles et ceux qui les accompagnent.`


Si vous souhaitez vous faire aider sur cette problématique du pardon, n'hésitez pas à me contacter :

06 51 30 89 35


Lou Cabalery

Docteur en sciences humaines, Hypnothérapeute formée en psychopathologie


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Lou Lucie Cabalery 

Lou Lucie Cabalery 

06 51 30 89 35

Médium, Hypnothérapeute, Auteur, Docteur en Sciences Humaines 

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